Édition du mercredi 25 septembre 2002
Inondations du Sud-Est : outre les 130 millions d'euros de l'Etat, Roselyne Bachelot compte sur un investissement d'environ 400 millions d'euros des collectivités territoriales
Roselyne Bachelot a dévoilé, hier, dans le Gard, un plan national de lutte contre les inondations, quinze jours après les intempéries qui ont fait 23 morts et un disparu dans le Sud-Est de la France.
La ministre de l'Ecologie a confirmé que l'ère des grands barrages était révolue et que son objectif était de poursuivre le patient travail d'aménagement du territoire ébauché en 2001 et d'améliorer la prévention des inondations.
"Le ministère pourra consacrer dans les quatre prochaines années 130 millions d'euros à une quinzaine de programmes de prévention sur des bassins considérés comme stratégiques", a-t-elle expliqué.
La ministre escompte aussi un "effet de levier" pour un investissement d'environ 400 millions d'euros des collectivités territoriales.
"Il s'agit d'enclencher un processus d'aménagement du territoire qui prendra une génération. Le recours à la microchirurgie est désormais recommandé", a-t-elle affirmé.
Concrètement, des zones d'expansion seront créées pour absorber le trop-plein des fleuves et des rivières en inondant des champs, ralentissant ainsi le débit des cours d'eau en amont des zones urbanisées.
Roselyne Bachelot a également annoncé une "modernisation" des services d'annonce des crues, qui passeront de 52 à 35 unités pour former le nouveau "système de prévision des crues" doté de moyens accrus, notamment par une "meilleure répartition" des 150 personnes y travaillant aujourd'hui.
Elle a confirmé la construction, "en deuxième rideau de Météo France", d'un centre chargé "particulièrement" de la veille des orages cévenols. Il sera créé en 2003 à Toulouse.
"Ce plan contient beaucoup d'autres mesures comme la subvention à des habitations déjà existantes pour améliorer la protection de la vie des gens, la confection d'atlas des zones inondables ou la pose systématique de repères de crues sur les édifices publics", a-t-elle dit.
Rappelant que la France compte 8 000 communes et deux millions de personnes potentiellement vulnérables aux inondations, Roselyne Bachelot a également prôné le développement de la "conscience du risque" dans la population.
"Quand on pose des barrières et que des personnes se noient après avoir franchi les barrages mis en place par les gendarmes, évidemment, vous avez des morts. Il ne suffit pas d'annoncer une crue, il faut savoir quoi faire. Certains comportements d'imprudence sont dus à un déficit de conscience et de connaissance du risque", a-t-elle déclaré.
Elle a voulu faire taire la polémique entourant son déplacement jugé tardif dans le Gard où les maires d'Aramon, de Montfrin, de Théziers et de Comps ont déposé plainte mardi contre X pour mise en danger d'autrui, estimant ne pas avoir été informés "dans les temps" par le service d'annonce des crues. "J'ai senti le maire d'Aramon profondément traumatisé par les morts dans sa commune. Il a déposé une plainte qui me paraît être une mesure conservatoire vis-à -vis des plaintes dont il est lui-même l'objet", a-t-elle affirmé.
En revanche, Roselyne Bachelot a réaffirmé qu'il n'y avait eu "aucun problème" au niveau du service d'annonce des crues et des services de l'Etat. "Le maire d'Aramon a été averti 24 heures avant la rupture de la digue. L'alerte a été faite de façon convenable." La commune d'Aramon a été la plus durement touchée avec cinq morts provoqués par la rupture d'une digue.
La ministre s'est enfin défendue elle-même en ces termes. "Me taxer d'indifférence est proprement insultant. Je n'ai pas l'impression d'avoir été silencieuse et je n'ai reçu aucune consigne du Premier ministre en ce sens. Le travail ministériel n'est pas seulement un travail médiatique mais un travail de fond. Et je n'ai pas cessé durant ces quinze jours de travailler pour les sinistrés du Gard", a-t-elle dit.
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